Voici pourquoi Dreyer marque si facilement
Anders Dreyer a marqué son 17e but pour Anderlecht en Pro League cette saison. Un but qui illustre sa capacité à transformer les ballons difficiles en occasion. Mais comment expliquer sa réussite à la frappe?
- Publié le 23-04-2024 à 12h09
“Parfois, il faut juste fermer les yeux et tirer. ” Voici la philosophie d’Anders Dreyer, comme il l’a confié après son triplé de buts à l’extérieur du rectangle face à OHL il y a quelques mois. Face à Genk, ses yeux étaient grands ouverts, fixés sur la lucarne de Maarten Vandevoordt. L’ailier en est à 17 buts. Dont la plupart inscrits grâce à son pied gauche.
Anatomie d’un but
Mais qu’a-t-elle de si spécial, cette patte gauche ? Dreyer a un talent pour transformer une situation anodine en une action dangereuse. Une qualité résumée par le ballon qu’il a envoyé gratter la toile d’araignée de Genk.
Il a ses yeux rivés sur le but et sa souplesse de cheville fait le reste
Il faut rembobiner jusqu’au pressing de Thomas Delaney pour comprendre. Dès qu’Anders Dreyer reçoit le ballon à la récupération, il a son regard porté sur le but. Tous ses gestes n’ont qu’un seul objectif : se mettre dans la meilleure position possible pour frapper. Dès son contrôle, il se met déjà sur son pied gauche. Il ne donne qu’un coup d’œil à droite pour voir Delaney prendre l’espace, mais ne lâche pas le but du regard pour le reste.
En une fraction de seconde, il réussit ce pour quoi il est le plus fort : écarter très légèrement le ballon et enclencher sa frappe. Sa souplesse de cheville fait le reste. Elle lui permet de mettre assez de puissance dans le cuir sans pour autant négliger la précision.
“Il pose un dilemme aux adversaires, disait Riemer au sujet de son joueur après un but à distance au RWDM. Soit ils doivent presser sur lui de manière très agressive et créer de l’espace de l’autre côté du terrain, soit ils lui laissent de l’espace et s’exposent à une frappe et donc un but. C’est une qualité rare dont nous devons profiter. ”
Plus c’est dur, mieux c'est
Sa panoplie est complète. S’il adore la lucarne opposée, qu’il a régulièrement dépoussiérée d’un ballon enroulé, il est également capable de frappes sèches et même flottantes.
Le Danois est une sorte de paradoxe que résumait son coach par la phrase suivante : “Le coaching moderne pousse à isoler des joueurs dans des zones spécifiques d’où ils peuvent tirer. Mais il y a une exception dans mon groupe : Anders Dreyer. Il montre que ses buts à distance ne sont pas le fruit de la chance, mais de la qualité. ”,
La répartition sur le terrain de ses buts inscrits montre une propension à marquer plus facilement de loin que de près. Il n’a marqué que trois fois dans une position plus avancée que le point de penalty cette saison.
Autre explication à son efficacité dans des positions éloignées du but, la distance n’affecte pas son viseur. Il a le même pourcentage de frappes cadrées (39 %) dans et en dehors des 16 mètres. Avec un taux de conversion toutefois deux fois supérieur (20 contre 11 %) quand il prend sa chance dans la boîte.
L’efficacité en priorité
Aucun autre joueur à plus de dix buts n’est aussi efficace devant le but que l’international danois. Son ratio buts attendus/inscrits est le meilleur de la Pro League. Il n’aurait, selon les statistiques, jamais dû atteindre 17 buts mais plutôt un peu plus de 10.
Son but face à Genk avait, selon Wyscout, 4 % de chances de se transformer en but. C’était sa seule occasion du match. Il avait atteint un paroxysme face à OHL avec trois buts pour 0,24 but attendu. Trois frappes en dehors du rectangle.
Trop absent dans le reste du jeu
Dreyer vit, par contre, un creux dans les autres aspects de son jeu. Auteur de plusieurs assists (8), il a du mal à trouver sa carburation à la passe. Avant le match face à Genk, il ne comptait pas le moindre assist attendu en playoffs. Son nombre de passes dans le rectangle adverse a également diminué ces dernières semaines, alors que c’était une de ses forces.
À l’instar de Dolberg, il n’est pas le joueur qui peut porter ses équipiers et faire d’une mauvaise équipe une équipe correcte. Les clubs qui le suivent l’auront noté pour la saison prochaine. Dreyer est toujours bon devant le but mais sera meilleur dans une équipe qui a le jeu en main. Son entourage affirme d’ailleurs qu’aucun contact avancé n’a été noué avec de possibles candidats acquéreurs. Il est dans la short-list des joueurs sur le départ.